- 1959 Serge Gainsbourg "La nuit d'octobre"
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- Honte à toi qui la première m'a appris la trahison
- Et d'horreur et de colère m'a fait perdre la raison
- Et d'horreur et de colère m'a fait perdre la raison
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- Honte à toi femme à l'oeil sombre, dont les funestes amours
- Ont enseveli dans l'ombre mon printemps et mes beaux jours
- Ont enseveli dans l'ombre mon printemps et mes beaux jours
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- C'est ta voix, c'est ton sourire, c'est ton regard corrupteur
- Qui m'ont appris à maudire jusqu'au semblant du bonheur
- Qui m'ont appris à maudire jusqu'au semblant du bonheur
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- C'est ta jeunesse, c'est tes charmes qui m'ont fait desespérer
- Et si je doute des larmes c'est que je t'ai vu pleurer
- Et si je doute des larmes c'est que je t'ai vu pleurer
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- Honte à toi, j'étais encore, aussi simple qu'un enfant
- Comme une fleur à l'aurore mon coeur s'ouvrait en t'aimant
- Comme une fleur à l'aurore mon coeur s'ouvrait en t'aimant
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- Certes ce coeur sans défense, pu sans peine être abusé
- Mais lui laisser l'innocence etait encore plus aisé
- Mais lui laisser l'innocence etait encore plus aisé
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- Honte à toi, qui fut la mer de mes premieres douleurs
- Et tu fis de ma paupiere jaillir la source des pleurs
- Et tu fis de ma paupiere jaillir la source des pleurs
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- Elle coule sois en sûr et rien ne la tarira
- Elle sort d'une blessure qui jamais ne guerira
- Elle sort d'une blessure qui jamais ne guerira
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- Mais dans cette source amere, du moins je me laverais
- Et j'y laisserais j'espere ton souvenir aborré
- Et j'y laisserais j'espere ton souvenir aborré
- Et j'y laisserais j'espere ton souvenir aborré
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- Alfred de Musset "La nuit d'octobre" (1837)
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- Le poète
- Le mal dont j'ai souffert s'est enfui comme un rêve;
- Je n'en puis comparer le lointain souvenir
- Qu'à ces brouillards légers que l'aurore soulève,
- Et qu'avec la rosée on voit s'évanouir.
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- La muse
- Qu'aviez-vous donc, ô mon poète?
- Et quelle est la peine secrète
- Qui de moi vous a séparé?
- Hélas! je m'en ressens encore,
- Quel est donc ce mal que j'ignore
- Et dont j'ai si longtemps pleuré?
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- Le poète
- C'était un mal vulgaire et bien connu des hommes;
- Mais lorsque nous avons quelque ennui dans le coeur,
- Nous nous imaginons, pauvres fous que nous sommes,
- Que personne avant nous n'a senti la douleur.
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- La muse
- Il n'est de vulgaire chagrin
- Que celui d'une âme vulgaire.
- Ami, que ce triste mystère
- S'échappe aujourd'hui de ton sein.
- Crois-moi, parle avec confiance;
- Le sévère dieu du silence
- Est un des frères de la Mort;
- En se plaignant, on se console,
- Et quelquefois une parole
- Nous a délivrés d'un remord.
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- Le poète
- S'il fallait maintenant parler de ma souffrance,
- Je ne sais trop quel nom elle devrait porter,
- Si c'est amour, folie, orgueil, expérience,
- Ni si personne au monde en pourrait profiter.
- Je veux bien toutefois t'en raconter l'histoire,
- Puisque nous voilà seuls, assis près du foyer.
- Prends cette lyre, approche, et laisse ma mémoire
- Au son de tes accords document s'éveiller.
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- La muse
- Avant de me dire ta peine,
- O poète! en es-tu guéri?
- Songe qu'il t'en faut aujourd'hui
- Parler sans amour et sans haine.
- S'il te souvient que j'ai reçu
- Le doux nom de consolatrice,
- Ne fais pas de moi la complice
- Des passions qui t'ont perdu.
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- Le poète
- Je suis si bien guéri de cette maladie
- Que j'en doute parfois lorsque j'y veux songer,
- Et quand je pense aux lieux où j'ai risqué ma vie,
- J'y crois voir à ma place un visage étranger.
- Muse, sois donc sans crainte; au souffle qui t'inspire
- Nous pouvons sans péril tous deux nous confier.
- Il est doux de pleurer, il est doux de sourire
- Au souvenir des maux qu'on pourrait oublier.
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- La muse
- Comme une mère vigilante
- Au berceau d'un fils bien-aimé,
- Ainsi je me penche tremblante
- Sur ce coeur qui m'était fermé.
- Parle, ami, -- ma lyre attentive
- D'une note faible et plaintive
- Suit déjà l'accent de ta voix,
- Et dans un rayon de lumière,
- Comme une vision légère,
- Passent les ombres d'autrefois.
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- Le poète
- Jours de travail! seuls jours où j'ai vécu!
- Õ trois fois chère solitude!
- Dieu soit loué, j'y suis donc revenu
- A ce vieux cabinet d'étude!
- Pauvre réduit, murs tant de fois déserts
- Fauteuils poudreux, lampe fidèle,
- Ô mon palais, mon petit univers,
- Et toi, Muse, ô jeune immortelle,
- Dieu soit loué, nous allons donc chanter!
- Oui, je veux vous ouvrir mon âme,
- Vous saurez tout, et je vais vous conter
- Le mal que peut faire une femme;
- Car c'en est une, ô mes pauvres amis,
- (Hélas! vous le saviez peut-être!)
- C'est une femme à qui je fus soumis
- Comme le serf l'est à son maître.
- Joug détesté! c'est par là que mon coeur
- Perdit sa force et sa jeunesse; --
- Et cependant, auprès de ma maîtresse,
- J'avais entrevu le bonheur.
- Près du ruisseau, quand nous marchions ensemble,
- Le soir sur le sable argentin,
- Quand devant nous le blanc spectre du tremble
- De loin nous montrait le chemin;
- Je vois encore, aux rayons de la lune,
- Ce beau corps plier dans mes bras ...
- N'en parlons plus ... je ne prévoyais pas
- Où me conduirait la Fortune.
- Sans doute alors la colère des Dieux
- Avait besoin d'une victime;
- Car elle m'a puni comme d'un crime
- D'avoir essayé d'être heureux.
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- La muse
- L'image d'un doux souvenir
- Vient de s'offrir à ta pensée.
- Sur la trace qu'il a laissée
- Pourquoi crains-tu de revenir?
- Est-ce faire un récit fidèle
- Que de renier ses beaux jours?
- Si ta fortune fut cruelle,
- Jeune homme, fais du moins comme elle,
- Souris à tes premiers amours.
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- Le poète
- Non, -- c'est à mes malheurs que je prétends sourire.
- Muse, je te l'ai dit: je veux, sans passion,
- Te conter mes ennuis, mes rêves, mon délire,
- Et t'en dire le temps, l'heure et l'occasion.
- C'était, il m'en souvient, par une nuit d'automne
- Triste et froide, à peu près semblable à celle-ci;
- Le murmure du vent, de son bruit monotone,
- Dans mon cerveau lassé berçait mon noir souci.
- J'étais à la fenêtre, attendant ma maîtresse;
- Et, tout en écoutant dans cette obscurité,
- Je me sentais dans l'âme une telle détresse,
- Qu'il me vint le soupçon d'une infidélité.
- La rue où je logeais était sombre et déserte;
- Quelques ombres passaient, un falot à la main;
- Quand la bise soufflait dans la porte entr'ouverte,
- On entendait de loin comme un soupir humain.
- Je ne sais, à vrai dire, à quel fâcheux présage
- Mon esprit inquiet alors s'abandonna.
- Je rappelais en vain un reste de courage,
- Et me sentis frémir lorsque l'heure sonna.
- Elle ne venait pas. Seul, la tête baissée,
- Je regardai longtemps les murs et le chemin, --
- Et je ne t'ai pas dit quelle ardeur insensée
- Cette inconstante femme allumait dans mon sein;
- Je n'aimais qu'elle au monde, et vivre un jour sans elle
- Me semblait un destin plus affreux que la mort.
- Je me souviens pourtant qu'en cette nuit cruelle
- Pour briser mon lien je fis un long effort.
- Je la nommais cent fois perfide et déloyale,
- Je comptais tous les maux qu'elle m'avait causés.
- Hélas! au souvenir de sa beauté fatale,
- Quels maux et quels chagrins n'étaient pas apaisés!
- Le jour parut enfin. -- Las d'une vaine attente,
- Sur le bord du balcon je m'étais assoupi;
- Je rouvris la paupière à l'aurore naissante,
- Et je laissai flotter mon regard ébloui ...
- tout à coup, au détour de l'étroite ruelle,
- J'entends sur le gravier marcher à petit bruit ...
- Grand Dieu! préservez-moi! je l'aperçois; c'est elle;
- Elle entre. -- D'où viens-tu? qu'as-tu fait cette nuit?
- Réponds, que me veux-tu? qui t'amène à cette heure?
- Ce beau corps, jusqu'au jour, où s'est-il étendu?
- Tandis qu'à ce balcon, seul, je veille et je pleure,
- En quel lieu, dans quel lit, à qui souriais-tu?
- Perfide! audacieuse! est-il encore possible
- Que tu viennes offrir ta bouche à mes baisers?
- Que demandes-tu donc? par quelle soif horrible
- Oses-tu m'attirer dans tes bras épuisés?
- Va-t-en, retire-toi, spectre de ma maîtresse!
- Rentre dans ton tombeau, si tu t'en es levé;
- Laisse-moi pour toujours oublier ma jeunesse,
- Et quand je pense à toi, croire que j'ai rêvé!
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- La muse
- Apaise-toi, je t'en conjure1
- Tes paroles m'ont fait frémir.
- Ô mon bien-aimé! ta blessure
- Est encor prête à se rouvrir.
- Hélas! elle est donc bien profonde?
- Et les misères de ce monde
- Sont si lentes à s'effacer!
- Oublie, enfant, et de ton âme
- Chasse le nom de cette femme
- Que je ne veux pas prononcer.
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- Le poète
- Honte à toi qui la première
- M'as appris la trahison,
- Et d'horreur et de colère
- M'as fait perdre la raison!
- Honte à toi, femme à l'oeil sombre,
- Dont les funestes amours
- Ont enseveli dans l'ombre
- Mon printemps et mes beaux jours!
- C'est ta voix, c'est ton sourire,
- C'est ton regard corrupteur,
- Qui m'ont appris à maudire
- Jusqu'au semblant du bonheur;
- C'est ta jeunesse et tes charmes
- Qui m'ont fait désespérer,
- Et si je doute des larmes,
- C'est que je t'ai vu pleurer.
- Honte à toi; j'étais encore
- Aussi simple qu'un enfant;
- Comme une fleur à l'aurore,
- Mon coeur s'ouvrait en t'aimant.
- Certes, ce coeur sans défense
- Put sans peine être abusé;
- Mais lui laisser l'innocence
- Était encor plus aisé.
- Honte à toi! tu fus la mère
- De mes premières douleurs,
- Et tu fis de ma paupière
- Jaillir la source des pleurs!
- Elle coule, sois-en sûre,
- Et rien ne la tarira;
- Elle sort d'une blessure
- Qui jamais ne guérira;
- Mais dans cette source amère
- Du moins je me laverai,
- Et j'y laisserai, j'espère,
- Ton souvenir abhorré!
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- La muse
- Poète, c'est assez. Auprès d'une infidèle,
- Quand ton illusion n'aurait duré qu'un jour,
- N'outrage pas ce jour lorsque tu parles d'elle;
- Si tu veux être aimé, respecte ton amour.
- Si l'effort est trop grand pour la faiblesse humaine
- De pardonner les maux qui nous viennent d'autrui,
- Épargne-toi du moins le tourment de la haine;
- A défaut du pardon, laisse venir l'oubli.
- Les morts dorment en paix dans le sein de la terre;
- Ainsi doivent dormir nos sentiments éteints.
- Ces reliques du coeur ont aussi leur poussière;
- Sur leurs restes sacrés ne portons pas les mains.
- Pourquoi, dans ce récit d'une vive souffrance,
- Ne veux-tu voir qu'un rêve et qu'un amour trompé?
- Est-ce donc sans motif qu'agit la Providence?
- Et crois-tu donc distrait le Dieu qui t'a frappé?
- Le coup dont tu te plains t'a préservé peut-être,
- Enfant, car c'est par là que ton coeur s'est ouvert.
- L'homme est un apprenti, la douleur est son maîtrc,
- Et nul ne se connaît tant qu'il n'a pas souffert.
- C'est une dure loi, mais une loi suprême,
- Vieille comme le monde et la fatalité,
- Qu'il nous faut du malheur recevoir le baptême,
- Et qu'à ce triste prix tout doit être acheté.
- Les moissons, pour mûrir, ont besoin de rosée;
- Pour vivre, et pour sentir, l'homme a besoin des pleurs;
- La joie a pour symbole une plante brisée,
- Humide encor de pluie et couverte de fleurs.
- Ne te disais-tu pas guéri de ta folie?
- N'es-tu pas jeune, heureux, partout le bien-venu,
- Et ces plaisirs légers qui font aimer la vie,
- Si tu n'avais pleuré, quel cas en ferais-tu?
- Lorsque au déclin du jour, assis sur la bruyère,
- Avec un vieil ami tu bois en liberté,
- Dis-moi, d'aussi bon coeur lèverais-tu ton verre,
- Si tu n'avais senti le prix de la gaîté?
- Aimerais-tu les fleurs, les prés et la verdure,
- Les sonnets de Pétrarque et les chants des oiseaux,
- Michel-Ange et les arts, Shakspeare et la nature,
- Si tu n'y retrouvais quelques anciens sanglots?
- Comprendrais-tu des cieux l'ineffable harmonie,
- Le silence des nuits, le murmure des flots,
- Si quelque part là-bas la fièvre et l'insomnie
- Ne t'avaient fait songer à l'éternel repos?
- N'as-tu pas maintenant une belle maîtresse?
- Et lorsqu'en t'endormant tu lui serres la main,
- Le lointain souvenir des maux de ta jeunesse
- Ne rend-il pas plus doux son sourire divin?
- N'allez-vous pas aussi vous promener ensemble
- Au fond des bois fleuris, sur le sable argentin?
- Et dans ce vert palais le blanc spectre du tremble
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- Ne sait-il plus, le soir, vous montrer le chemin?
- Ne vois-tu pas alors, aux rayons de la lune,
- Plier comme autrefois un beau corps dans tes bras?
- Et, si dans le sentier tu trouvais la Fortune,
- Derrière elle, en chantant, ne marcherais-tu pas?
- De quoi te plains-tu donc? l'immortelle espérance
- S'est retrempée en toi sous la main du malheur.
- Pourquoi veux-tu haïr ta jeune expérience,
- Et détester un mal qui t'a rendu meilleur?
- Õ mon enfant! plains-la, cette belle infidèle,
- Qui fit couler jadis les larmes de tes yeux;
- Plains-la! C'est une femme, et Dieu t'a fait, près d'elle,
- Deviner, en souffrant, le secret des heureux.
- Sa tâche fut pénible; elle t'aimait peut-être;
- Mais le destin voulait qu'elle brisât ton coeur.
- Elle savait la vie, et te l'a fait connaître;
- Une autre a recueilli le fruit de ta douleur.
- Plains-la! son triste amour a passé comme un songe;
- Elle a vu ta blessure et n'a pu la fermer.
- Dans ses larmes, crois-moi, tout n'était pas mensonge;
- Quand tout l'aurait été, plains-la! tu sais aimer.
-
- Le poète
- Tu dis vrai; la haine est impie,
- Et c'est un frisson plein d'horreur
- Quand cette vipère assoupie
- Se déroule dans notre coeur.
- Écoute-moi donc, ô déesse!
- Et sois témoin de mon serment;
- Par les yeux bleus de ma maîtresse,
- Et par l'azur du firmament;
- Par cette étincelle brillante
- Qui de Vénus porte le nom,
- Et, comme une perle tremblante,
- Scintille au loin sur l'horizon;
- Par la grandeur de la Nature,
- Par la bonté du Créateur,
- Par la clarté tranquille et pure
- De l'astre cher au voyageur,
- Par les herbes de la prairie,
- Par les forêts, par les prés verts,
- Par la puissance de la vie,
- Par la sève de l'univers,
- Je te bannis de ma mémoire.
- Reste d'un amour insensé,
- Mystérieuse et sombre histoire
- Qui dormiras dans le passé!
- Et toi qui, jadis, d'une amie
- Portas la forme et le doux nom,
- L'instant suprême où je t'oublie
- Doit être celui du pardon.
- Pardonnons-nous; -- je romps le charme
- Qui nous unissait devant Dieu.
- Avec une dernière larme
- Reçois un éternel adieu.
- -- Et maintenant, blonde rêveuse,
- Maintenant, Muse, à nos amours!
- Dis-moi quelque chanson joyeuse,
- Comme aux premiers temps des beaux jours.
- Déjà la pelouse embaumée
- Sent les approches du matin;
- Viens éveiller ma bien-aimée
- Et cueillir les fleurs du jardin.
- Viens voir la nature immortelle
- Sortir des voiles du sommeil;
- Nous allons renaître avec elle
- Au premier rayon du soleil!
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