1980.04.25 Libération "'Le grand écrivain' diarrhée et guenilles"
"Le grand écrivain" diarrhée et guenilles
by Bayon
Pauvre Gainsbourg
Pourri pour pourri, j'ai ouvert, j'ai lu, et refermée Evguénie Trucmuch, de Serge Gainsbourg. Faisand. Ils auraient pu sous-titrer "Un million de Marseillaises plus", tant qu'à faire. Ca commence à tirer un rien de longueur, pas vrai? A part ça, maman, quelle galette! La première pas exprès de notre grand dandy diogène. Le meilleur va au pire. Et comprenez-moi bien, un peu. Ca parle du trou du cul du gars, et ça, c'est tout vu, ça en bloquera certains, mais pour moi le problème n'est pas exactement là. J'en connais d'autres, bien malpolis, odieux à plaisir, qui se sont amusés, longtemps avant Pujol 80, à parler de leur orifices, de leur colon, et de leurs petites maladies, tout ça, et qui savaient écrire. "Casse Pipe", tenez! Et vieux Sege, je vais vous dire, pour la première fois, il accuse un complexe absolument banal: le complexe littéraire.
C'est pathétique, ça, pour un cynique, de se livrer pieds et poings liés à la critique la plus banale: tient pas la rampe, dérape partout, patauge dans toutes les mares, fait dans tous les clichés d'apprenti écrivain, l'amphigouri, le jargonneux, et bla et bla... et c'est honte sur lui, pardon mon frère! La façon si bêtasse et mal venue de tout ça. Jadis, je l'ai vu, sublime, en costume blanc immaculé, se vautrer, pour les besoins d'un role TV rêvé, dans une mare de gadoue. Humiliation par Orgueil Dostoïevski. Il était beau! Il a voulu remettre le couvert pour Sokolov. Chocolat. Les livres, aujourd'hui, c'est à chier!